dimanche 15 juillet 2012

David Perrin, devenu tétraplégique à 33 ans à la suite d'un banal accident de piscine, témoigne

David Perrin, jeune nîmois plein d’humour, sportif et dynamique, père de deux enfants, est chargé de maintenance chez Toshiba Médical. 
Le 14 juillet, sa vie bascule. Il témoigne. 




Pouvez-vous nous parler de l’accident ?

J’ai glissé d’un murier platane surplombant la piscine en voulant récupérer un ballon. Sous le choc, ma vertèbre cervicale C5 s’est brisée.  En touchant l’eau, j’ai ressenti un grand flash blanc et une brûlure autour de la colonne vertébrale. Je ne pouvais plus bouger, je me noyais. J’ai eu la chance d’être opéré deux heures après mon accident.
A mon réveil, j’étais allongé dans le noir sans savoir où j’étais, je ne pouvais plus bouger, j’étais en phase de survie à essayer de respirer. C’était effrayant. Puis mon état s’est stabilisé environ trois mois après l’accident. Mon cou, mes épaules bougeaient, mon bras un peu aussi et j’ai pensé qu’il y avait des chances que ça aille plus loin.

Qu’en est-il de la rééducation ?

Après une semaine en soins intensifs, une place s’étant libérée, le centre de rééducation Propara de Montpellier m’a accueilli. Partir en rééducation, c’était une bouffée d’oxygène et j’ai pensé que plus vite je m’y mets et plus vite je serais debout. Pendant dix mois le personnel m’a appris à accepter son handicap. C’était éprouvant. J’ai fini par apprendre à vivre en fauteuil, à utiliser ce qui reste de mon corps et à trouver des solutions inventives de remplacement.

Comment s’est passé le retour à domicile ?

J’étais partagé entre l’envie de rentrer chez moi et le peur de cette nouvelle vie. C’était angoissant de retourner chez moi en fauteuil et de vivre le quotidien avec mon handicap. Les aides que j’ai reçues de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) et de la sécurité sociale étant faibles, ne m’ont pas permis de faire tous les aménagements nécessaires. C’est grâce à mon assurance et la mutuelle pour mon fauteuil que j’ai pu les réaliser.

Et les enfants comment ont-ils réagi ?

Les enfants se sont bien adaptés à la nouvelle situation car j’ai bien vécu mon handicap. Quelques mois après, ils m’ont posé des questions  pour savoir ce qui était cassé et ce qui allait se réparer, puis ils ont continué comme avant.

Avez-vous l'intention de reprendre le travail ?

Deux mois après mon accident, Toshiba Médical m’a assuré qu’il était possible de créer un poste adapté. Ainsi au premier semestre 2011, je pourrai faire de la télémaintenance, c’est un soulagement pour moi. L’association Comete aide d’ailleurs les handicapés qui ne pourraient pas réintégrer leur travail, à retrouver un emploi.

Que vous dit le regard des autres ?

Dans les lieux publics  80% des personnes me regardent comme si j’étais debout, les autres font un écart pour ne pas croiser mon regard. Le fauteuil tétanise. J’ai du casser les barrières en allant voir les personnes que n’osaient plus me parler. Les enfants, eux, ont un regard amusé.

Quels sont vos projets aujourd’hui ?

Aujourd’hui, même avec l’usage partiel de mes bras et pas de mes mains, je suis toujours aussi optimiste et je m’adapte à mon handicap : je fais du Buggy, de l’informatique, je joue au ping-pong, je vais chercher les enfants à l’école et j’utilise aussi le système Handigo mis en place par Nîmes Métropole et très pratique pour mes déplacements.
A court terme, j’ai le projet de conduire un véhicule adapté, je vais reprendre mon activité professionnelle et j’ai commencé à écrire un livre pour transmettre mon expérience. Je suis, d’ailleurs à la recherche d’un éditeur intéressé. Depuis mon accident, je me suis rendu compte qu’il est important d’apprécier tous les instants de sa vie, c’est ce qui m’a aidé à accepter ma situation et à retrouver une vie sociale . La vie ne s’arrête pas au handicap, elle s’adapte et continue.

David Perrin en buggy après son accident
©Véronique Pouzard
Note de l'auteur sur l'interview : David Perrin est un jeune homme de 33 ans devenu tétraplégique suite à un banal accident de Piscine. Dans son interview, il explique comment est survenu sont accident et témoigne. Paralysé, il continue à vivre sa vie comme tout un chacun. Il sa su s'adapter à sa nouvelle vie. Le regard des autres sur les personnes à mobilité réduite, c'est ce qui l'étonne le plus. La peur sans doutes des personnes handicapées ? Mais pourquoi cette peur des personnes à mobilité réduite ? En tout cas  lui, il a toujours envie de croquer la vie malgré son handicap, il fait avec. Il n'est handicapé que dans le regard des autres.

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