lundi 4 avril 2011

Jordi, apprenti torero à 19 ans

Rencontre avec Jordi Le Rolland, un jeune nîmois de 19 ans, apprenti torero, qui a choisit ce métier par passion à l'heure où les jeunes de son âge s'immergent dans le monde virtuel.

Comment est née votre passion pour la tauromachie ?

Depuis tout petit j'ai vécu dans le monde de la Tauromachie. A seize ans,  la passion qui était enfouie en moi s'est réveillée et j'ai alors eu  la certitude de faire de ma passion, mon métier.  Mon père m'a laissé libre de choisir mais ma mère a été très surprise de ma décision. Puis, à force d'insister,  elle a fini par prendre contact avec la présidente du Centre de Tauromachie de Nîmes. J'ai alors été invité à  participer aux entraînements et l'aventure a commencé.

Être torero, ça signifie quoi pour vous?

Le torero est un artiste qui exprime ses sentiments et le taureau un animal brave et fascinant. Toréer ce n'est pas un jeu. Je mise ma vie à chaque combat. La tauromachie c'est une école de vie, il faut apprendre le respect des autres et de soi-même, apprendre à se dépasser, être exemplaire et aller de l'avant. Le courage commence quand on a peur et qu'on rentre en guerre contre soi-même pour ne rien lâcher, vaincre sa peur et être plus fort pour surmonter les épreuves. Mais il faut savoir qu'on n'arrête pas d'être torero  aux portes des arènes, c'est une philosophie de vie.

Selon vous, que représente le taureau  ?
Le taureau est un animal né pour se battre et souvent les taureaux en liberté dans les près se battent à mort . Ils cherchent le combat jusqu'à leur ultime souffle. En général les taureaux de Camargue sont utilisés pour l'entrainement et l'apprentissage mais ils sont soit très bon, soit très mauvais. Le taureau espagnol  lui, est plus brave et il est utilisé pour le combat. Lors d'une corrida le taureau ne doit pas encore avoir vu l'homme car sinon il ne s'intéresse ni à la cape, ni à la muleta et c'est dangereux.

Comment se déroule votre formation ?

En avril 2007, j'ai commencé les entraînements tous les mercredis avec des professionnels dans les arènes de Caissargues, puis tous les samedis dans les arènes de Rodilhan avec les professeurs de l'école Taurine.
Courant  juin 2007, j'ai fait ma première capéa officielle en public dans les arènes de Lunel. C'était la deuxième fois que j'étais devant un taureau et j'appréhendais ce moment. J'ai travaillé le taureau à la cape et à la muleta. Les compagnons du cartel étaient présents pour me soutenir en cas de problème.  La représentation a durée 20 min environ. J'ai fait le mieux possible. A la fin d'un combat, je me remets tout le temps en question et j'analyse mes erreurs pour progresser.  Fin 2007, j'avais déjà fait une quinzaine de capéas.

Puis en 2008, j'ai toréé mon premier becerro, un taureau espagnol de deux ans qui pèse entre 200 et 300 kg. Dans l'arène, tu te rends  alors vite compte si tu as le potentiel pour réussir et "l'aficion".
C'est en mars 2009 que j'ai été autorisé à tuer mon premier taureau à Palavas. J'ai remporté ma première oreille. Je me suis dit alors que j'allais tuer mon premier taureau comme les grands. C'était un pas de plus vers mon avenir.
Puis j'ai fait ma deuxième présentation en Espagne à Colmenar Viejo dans le sud de Madrid et  le  Tournoi de l'école Taurine de Nîmes « Graine de torero ». Comme j'avais acquis une certaine technique et expérience, mon professeur  m'a déclaré en mai 2010  "Apte à toréer en habit de lumière ». C'était mon rêve qui se réalisait. Je me suis senti  torero, le respect du costume m'a poussé à me dépasser. J'ai toréé à Villafranca De Xira, une des plus grandes arènes du Portugal et j'ai eu une oreille symbolique au premier taureau et l'ovation du public au deuxième. Puis  le 9 août à Malaga j'ai mis à mort un taureau lors d’une novillada sans picador.

Quel souvenir avez-vous de votre première rencontre avec un taureau ?

J'ai testé mon premier taureau au Clapas de Nîmes, une petite arène derrière le Mont du Plan dans la Garrigue. J'avais envie de me tester, de me surpasser, d'aller devant le taureau. Je savais que c'était dur et qu'il fallait beaucoup d'entraînement pour prétendre être torero mais j'ai franchis le pas et j'en étais fier.

Comment vous préparez-vous avant un combat

Pour combattre un taureau, il faut être un vrai athlète mais il faut aussi être prêt psychologiquement. La veille d'un combat, j'ai besoin de m'isoler complètement pour pouvoir me concentrer. La concentration compte pour la moitié dans la réussite. Une fois dans l'arène, je ne pense plus à rien, je vis à fond le moment présent, je ne vois pas le danger, je prends juste plaisir à toréer. Dans les premiers moment que le toréro teste le taureau. Il doit le comprendre, analyser son comportement à la muleta. Mais le taureau est un animal très intelligent et sent tout de suite notre faiblesse. S'il est dur et combatif, le toréro va prendre plus de risques pour le dominer. Mais lorsque l'animal et le torero ne font plus qu'un, cette complicité est source d'une joie intense.

Quels sont vos projets ?

Aujourd'hui, je suis formé à la Fondation Nîmotaure, par Patrick Varin, El Andaluz, Frédéric Pascal et Chinito. J'ai l'ambition de progresser chaque jour jusqu'à devenir matador pour en faire mon métier. J'essaie de faire le mieux possible et je voudrais avoir mon propre style et ma propre personnalité.

©Véronique Pouzard

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